Tony Monkeyna

Il nous rejoint dans un bar et d’un petit geste de la tête nous demande de nous déplacer. Il s’assoit à notre place : « Excusez mon impolitesse, mais vous ne me verrez jamais assis dos à l’entrée, réflexe de brigand. »

Désorienté par sa mansuétude, je bégaye en posant mes questions. Même moi je n’y comprends rien : « Ne soyez pas stressés mes amis, je n’ai absolument rien contre les journalistes. Je ne vous ferais rien si vous n’intentez rien d’étrange à mon égard. Soyez rassuré. C’est avec plaisir que je peux vous parler du métier de brigand… »

Je reste la bouche ouverte, heureusement que nous sommes deux, ma collègue, bien moins inquiète par cette situation, prend le contrôle de l’interview.

– Monsieur Monkeyna…

– Appelez-moi Tony, s’il vous plaît.

– Très bien… Tony, vous êtes l’un des quatre barons du crime de Yb’s City…

– Le plus grand des quatre. Parce que le plus juste, n’en déplaise à DonP, ZeF, ou Gigi.

– Vous leur avez donné des petits surnoms ? Vous communiquez avec eux ?

– Oui et non. Ou très peu. Chacun ses excentricités, chacun ses envies. Dans certains domaines, la concurrence, ça a du bon. Ça force à innover, à ne pas se reposer sur ses lauriers. Mes plus grandes idées je les ai eus lorsque ces trois autres barons commençaient à me piquer des parts de marché.

– On est d’accord que vous ne parlez que de business illégal ?

– Je ne définis pas mes actions comme cela. Ma métrique c’est le bien que je propose aux gens. Si c’est bien, je me fiche que ce soit illégal.

– Mais vous vendez quand même quelque chose d’addictif… qui peut détruire des vies ?

– Parce que les entreprises légales qui brassent des milliards ne vendent que des produits ou des services non addictifs ? Qui ne détruisent pas la vie des gens? Allons bon, ne soyons pas hypocrites. Le business est étroitement lié à l’addiction.

Tony est particulièrement intéressant. Mais nous sommes interrompus par une affaire urgente… dont il nous a interdit de parler. Nous avons un nouveau rendez-vous dans quelques semaines.

Tony Monkeyna est bien différent de ceux qui se prennent pour lui : de ceux qui flambent et la ramènent, de ceux qui jouent les caïds, de ceux qui font la fête, de ceux qui n’assurent pas leurs arrières. Finalement de ceux qui meurent.

He joins us in a bar and, with a nod, asks us to move over. He sits down in our place: « Excuse my rudeness, but you’ll never see me sitting with my back to the entrance, robber reflex. »

Bewildered by his leniency, I stammer as I ask my questions. Even I don’t understand: « Don’t be stressed my friends, I have absolutely nothing against journalists. I won’t do anything to you if you don’t do anything strange to me. Don’t worry. I’d be delighted to talk to you about my job as a brigand… »

I stand there with my mouth open, thank goodness there are two of us, as my colleague, far less worried by the situation, takes control of the interview.

– Mr Monkeyna…

– Please, call me Tony.

– Very well… Tony, you’re one of Yb’s City’s four crime lords…

– The biggest of the four. Because you’re the fairest, whether you like DonP, ZeF or Gigi.

– Have you given them nicknames? Do you communicate with them?

– Yes and no. Or very little. Everyone has their eccentricities, everyone has their desires. In some fields, competition is good. It forces you to innovate and not rest on your laurels. My greatest ideas came to me when those other three barons were starting to steal market share from me.

– Do we agree that you only talk about illegal business?

– I don’t define my actions like that. My metric is the good I offer people. If it’s good, I don’t care if it’s illegal.

– But you’re still selling something addictive… that can destroy lives?

– Because legal, billion-dollar businesses only sell non-addictive products or services? That don’t destroy people’s lives? Come on, let’s not be hypocrites. Business is closely linked to addiction.

Tony is particularly interesting. But we’re interrupted by an urgent matter… which he’s forbidden us to discuss. We have a new appointment in a few weeks.

Tony Monkeyna is very different from the people who think they’re him: from those who gamble and bring it on themselves, from those who play the kingpin, from those who party, from those who don’t have their back. Finally, those who die.